Les sauteurs de haies

Kraenzlein

Ils abordent la haie à toute allure,
ils la franchissent dans la foulée.
Elle n’est pas sautée mais annulée :
elle s’est trouvée sous l’enfourchure...


Il n’y a pas de temps d’arrêt,
on fait trois pas entre les haies.


Droite est la jambe pour attaquer.
Le corps effleure le bois à peine.
L’autre jambe se laisse emporter.
Nonchalante, elle a effacé
sous elle la hauteur vaine...
Douceur parfaite ! O volupté
de voir comme elle est molle et traîne
au haut de sa rapidité !


Ils passent ! La ligne est passée !
Aux doigts, l’azur du fil de laine.


Elle expire, la vague humaine.


Ils coulent sur leur lancée.

 

Henry De Montherlant

« Les Olympiques » 1924

 

Retour

Poésies

Accueil