Les bras abaissés

(Une arrivée de 800 mètres)

Elles cahotent derrière comme des pantins, se
désunissent, raccourcissent leur foulée.
La sienne, au contraire, depuis le départ, elle
l'a sans cesse et peu à peu augmentée.
Elle paraît ainsi pleine d'aisance, et elle est
ravagée à l'intérieur par l'effort.
Les autres, derrière elle, sont hideuses : leurs
bouches telles que sciées par un mors,
leurs bouches comme les bouches grandes ouvertes
des poissons morts et des soldats morts.
Mais Dieu est assis sur sa face. Elle arrive les
bras abaissés.

 

Henry De Montherlant

« Les Olympiques » 1924

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