Le bâton de relais


Ce soir, au Stade de Colombes,
Pendant la course de relais,
Et tandis qu'une brume tombe
Sur les tribunes, comme un dais,

Le peloton, là-bas, s'allonge,
La meute tourne avec fureur,
Le public s'enfièvre et je songe
Au bâton que tient le coureur.

Malgré sa forme courte et noire
Qu'on voit à peine dans la main
Ce bâton rayonne de gloire
Et met du feu sur le chemin.

N'est-il pas l'image nouvelle
Du flambeau grec par nous saisi ?
Dans nos yeux que sa flamme est belle !
Nous sommes le peuple choisi.

Ah ! que, malgré le sort barbare,
Malgré le mal, malgré la mort,
Notre race vive et s'empare
Du flambeau plein d'étoiles d'or.

Que nos héros, d'une main ferme,
Partout fêtés et triomphants
Le portent bien haut, jusqu'au terme
Où le reprendront leurs enfants.

Paul Souchon

« Les chants du stade » 1923

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