Cross-country
Courbés en ligne sur le sol
Où nos doigts à lherbe saccrochent,
Nous allons prendre notre vol
Dont les secondes se rapprochent.
Enfin ! Le coup de
pistolet !
Le peloton, sous les bois, gagne
Et bientôt, comme un chapelet,
Il ségrène dans la campagne.
Demi-nus, les cheveux aux vents,
Nous sommes légers à lallée
Et sentons nos corps plus vivants
A chaque nouvelle foulée.
Piquant nos yeux et notre peau
Des rayons rouges nous imprègnent,
Dans lair lisse comme de leau
Nos poitrines heureuses baignent.
O pure ivresse de courir !
Les bras, rythmiques, se balancent,
Un paysage vient souvrir
Au-devant des pas qui sélancent.
Sous ce toit, quil doit
faire bon !
Des fleurs retombent sur la porte
Adieu, maison, jardin, un bond
Et la descente nous emporte.
Le vent plaque les maillots
clairs
Contre les torses quil modèle,
Des feuillages griffent nos chairs,
Larrivée, au loin, nous appelle.
Dans nos muscles et nos tendons
La volonté devient plus grande
Et, les bras en croix, nous tendons
Notre dernier souffle en offrande.
Paul Souchon
« Les chants du stade » 1923
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