L’intersexualité en athlétisme
ou
les femmes androgynes
"Les Femmes androgynes , dont la morphologie ressemble parfois à celle d'un homme."
Vérification du sexe :
440 avant J.-C.Lors des Jeux Olympiques Grecques, Kallipateira pénètre dans l'enceinte sacrée interdite aux femmes. C'est à partir de cette époque que les Grecs inventent le premier test de féminité : dorénavant les athlètes paraîtront nues aux épreuves.
Dès 1948, les Britanniques prennent la décision de soumettre obligatoirement les athlètes féminines à un contrôle médical. Au début l’examen gynécologique était la méthode la plus directe de contrôle des organes génitaux, dans le doute on établira, par la suite, un caryotype de la personne.
C’est en 1966 que les premiers contrôles chromosomiques de féminité en athlétisme ont lieu aux championnats d’Europe de Budapest. Un certain nombre d'athlètes interrompirent leur carrière.Les hermaphrodites se sont retirés des manifestations sportives et ont été remplacés par des femmes "virilisées" aux anabolisants voir aux hormones mâles.
En 1968, aux JO de Mexico, on utilise le test de Barr qui s’est révélé plus tard, ne pas être très fiable. On préleve un peu de salive et on analyse celle-ci en laboratoire.Ce sera la première fois qu’un tel contrôle sera organisé, grâce à des experts nommes par le Comité international olympique et agréés par la Fédération internationale de médecine sportive.
Depuis 1972 l’investigation est plus efficace : recherche des chromosomes sexuels X et Y
Les 3 groupes d’intersexualités recherchés :
le speudo-hermaphrodisme : individu qui a les glandes génitales d'un sexe, mais dont les organes génitaux externes et les caractères sexuels secondaires ressemblent à ceux de l'autre sexe.
l’hermaphrodisme vrai : l’individu possède à la fois ovaire(s) et testicule(s)
La dysgénésie gonadique : ambiguïté des organes génitaux internes ou externes. Production de gamètes; glande sexuelle. Gonade mâle ( testicule), femelle (ovaire).
"Superwomen"
La plus connue avant la guerre :
Stanislawa Walasiewiz, née le 11 avril 1911 près de Varsovie, immigre très jeune aux USA. Plus tard, elle prendra la nationalité américaine et s’appellera Stella Walsh.
Cette Anguleuse polonaise a remporté :
- la médaille d’or du 100 m aux JO de 1932 : 11’’9
- 28 titres américains sur 100, 200, 80 m haies, longueur, disque, javelot jusqu’en 1951 à 40 ans
- Aux JO de 1936, elle est battue par une autre Américaine : Helen Stephens qui est accusée par la délégation polonaise d’être un homme. Elle est obligée de se soumettre à un examen détaillé de son anatomie. A l’unanimité, elle est reconnue comme étant du sexe féminin.
- En 1945, elle aurait couru le 100 m en 11’’2 : record non homologué, la vitesse du vent n’ayant pas été mesurée.
Helen Stephens
et
Alice Arden (USA)
aux JO de Berlin
Son record mondial du 60 m a tenu 26 ans : de 1933 à 1960
Son record du monde du 200 m a tenu 20 ans : de 1932 à 1952
Son record du monde au 100 m a tenu 16 ans : de 1932 à 1948
A cette époque les contrôle médicaux de féminité n’existaient pas.
Stella Walsh est assassinée le 4 décembre 1980 à Cleveland, suite à une tentative de cambriolage dans un parking. Une autopsie fut pratiquée et révéla que la championne était un homme. Son acte de naissance portait pourtant bien le prénom de Stanilas.
En 1984, pendant les JO de Los Angelès, la Canadienne Hilda Strike arrière grand mère, 2ème du 100 m féminin en 1932, réclama sa médaille d’or.
L’Allemande Kath Krauss, 3ème du 100 m de 1936, était également suspectée. Pour beaucoup, à cette époque, la véritable championne olympique était la gracieuse Allemande Marie Dollinger (4ème du 100 m).
Stella Walasiewicz figure toujours au palmarès olympique.
Deux autres records du monde établis par des femmes reconnues plus tard comme étant des hommes :
Zdena Koubkova (Tchécoslovaque), meilleure performance mondiale sur 800 m féminin et première à descendre sous les 2’15 (2 min 12 sec 8 : nouveau record du monde) le 11 août 1934 aux 4e championnats du monde féminin (les derniers admis par l'I.A.A.F.). La vérité éclatera rapidement, Koubkova appartient en réalité au sexe masculin, une opération finira d'accomplir la transformation.
Dora Ratjen (Allemande), record woman de la hauteur avec un saut de 1,67 m réalisé aux championnats d’Europe en 1938. Disqualifiée pour professionnalisme, il apparaîtra quelques mois plus tard que Dora était un homme : le record ne fut pas officialisé. Elle devint barman à Hambourg sous le nom de Herman Ratjen.
Dans les années 45-48 en France :
Léa Caurla (Française), spécialiste du 100 m et de 200 m, remporta de nombreux titres nationaux et établit de multiples records de France, elle fut également 3ème aux championnats d'Europe à Oslo sur 200 m.. Quelques années plus tard, elle est devenue un bon père de famille (Léo Caurla).
Sa principale adversaire de l’époque, Claire Bressolles, championne de France en alternance avec Léa et 3ème aux championnats d'Europe à Oslo sur 100m, se prénommera en 1948 Pierre. Il accomplit par la suite son service militaire, se maria et eut des enfants.
Ensemble, elles ont battu le record de France du 4 x 100 m et eurent une médaille d’argent aux championnats d’Europe à Oslo en 1946. On peut supposer que, parmi les lauréates du 4 x 100m, certaines n’étaient pas des femmes.
Les deux soeurs soviétiques dans les années 50-60:
Tamara Press, née le 10 mai 1937 à Kharlov, 1,80 m et 100 kg, spécialiste du disque et poids
- médaille d’or aux championnats d’Europe de 1958 à Stockholm au disque
- médaille d’or aux JO de Rome au poids
- médailles d’or aux championnats d’Europe de 1962 à Belgrade aux disque et poids
- médailles d’or aux JO de Tokyo : poids et disque
Irina Press, née le 10 mars 1939, 1,68 m et 74 kg, spécialiste du 80 m haies et championne de pentathlon
- médaille d’or aux championnats d’Europe de 1958 à Stockholm au pentathlon
- médaille d’or aux JO de Rome au 80 m haies
- médaille d’or aux championnats d’Europe de 1962 à Belgrade au pentathlon
- médaille d’or aux JO de Tokyo au pentathlon
Elles figurent toujours au palmarès olympique mais un doute subsiste. En 1966, la délégation soviétique retire ses 2 athlètes juste avant les championnats d’Europe de Bucarest, en raison sans doute de la mise en place d’un contrôle de féminité. Elles prétextèrent qu’une de leur aïeule était gravement malade.
De 1950 à 1958 : cas très douteux également pour la Soviétique Galina Tchoudina
En 1960 - 1961, révélation d'une Coréenne Sin Kim Dan dont le sexe fut souvent contesté. Elle avait réalisé 51"9 au 400 m en 1962 et 1'58 au 800 m en 1964.
En septembre 1967,
Ewa Klobukowska (polonaise), championne du 100 m fut écartée de la Coupe d’Europe des Nations pour une " féminité insuffisante " constatée par 6 médecins
A 18 ans, aux JO de Tokyo, elle se classe 3ème du 100 m et remporte la médaille d’or du 4 x 100 m : dernière relayeuse, elle prend le témoin avec 8 mètres de retard et gagne facilement. A l’époque, on considéra cette dernière ligne droite comme le sprint le plus rapide effectué par une femme. L’année suivante, à 19 ans, elle réalise 11’1 au 100 m et égale le record mondial.
A Tokyo, 26,7 % des femmes championnes olympiques étaient des transsexuelles authentiques :
Les soeurs Press et Klobukowska (4 médailles sur 15)
En 1967 60% des records du monde féminins sont détenus par des "intersexués"
1932 |
Los Angeles (USA) |
|
100 m |
1ère |
Stella Walasiewicz (POL) |
1936 |
Berlin (All.) |
|
100 m |
2ème |
Stella Walasiewicz (POL) |
1952 |
Helsinki (Fin.) |
|
Longueur |
2ème |
Alexandra Tchoudina (URSS) |
Hauteur |
3ème |
Alexandra Tchoudina (URSS) |
Javelot |
2ème |
Alexandra Tchoudina (URSS) |
1960 |
Rome (Ita.) |
|
80 m haies |
1ère |
Irina Press (URSS) |
Poids |
1ère |
Tamara Press (URSS) |
Disque |
2ème |
Tamara Press (URSS) |
1964 |
Tokyo (Jap.) |
|
100 m |
3ème |
Ewa Klobukowska (Pol.) |
Longueur |
3ème |
Tatyana Chelkanova (URSS) |
Poids |
1ère |
Tamara Press (URSS) |
Disque |
1ère |
Tamara Press (URSS) |
Pentathlon |
1ère |
Irina Press (URSS) |
4 x 100 m |
1ère |
Pologne (Ewa Klobukowska ) |
1938 |
Vienne |
|
100 m |
1ère |
Stella Walasiewicz (POL) |
200 m |
1ère |
Stella Walasiewicz (POL) |
Hauteur |
1ère |
Doran Ratjen (All.) |
Longueur |
2ème |
Stella Walasiewicz (POL) |
4 x 100 m |
2ème |
Pologne (Stella Walasiewicz) |
1946 |
Oslo (Nor.) |
|
100 m |
3ème |
Claire Bressolles (Fra.) |
200 m |
3ème |
Léa Caurla (Fra.) |
Hauteur |
2ème |
Alexandra Tchoudina (URSS) |
4 x 100 m |
2ème |
France (Claire Bressolles et Léa Caurla ) |
Les Français ont remporté 7 médailles (1 d’or, 4 d’argent et 2 de bronze). Bressolles et Caurla raflent 4 médailles soit 57 % des podiums français.
1954 |
Berne (Sui.) |
|
200 m |
1ère |
Maria Itkina (URSS) |
Longueur |
2ème |
Alexandra Tchoudina (URSS) |
Pentathlon |
1ère |
Alexandra Tchoudina (URSS) |
4 x 100 m |
2ème |
URSS ( Maria Itkina ) |
1958 |
Stockholm (Sue.) |
|
200 m |
3ème |
Maria Itkina (URSS) |
400 m |
1ère |
Maria Itkina (URSS) |
Poids |
3ème |
Tamara Press (URSS) |
Disque |
1ère |
Tamara Press (URSS) |
1962 |
Belgrade (You.) |
|
400 m |
1ère |
Maria Itkina (URSS) |
Longueur |
1ère |
Tatyana Chelkanova (URSS) |
Poids |
1ère |
Tamara Press (URSS) |
Disque |
1ère |
Tamara Press (URSS) |
1966 |
Budapest (Hon.) |
|
100 m |
1ère |
Ewa Klobukowska (Pol.) |
200 m |
2ème |
Ewa Klobukowska (Pol.) |
4 x 100 m |
1ère |
Pologne (Ewa Klobukowska ) |
Bibliographie
Séoul 1988 : Sur la piste du troisième sexe - Dr J.P Mondenard - Revue de l'AEFA - N°108 - Novembre-Décembre 1988, page 5
Athlétisme : Qui est la plus grande championne de tous les temps ? - André Halphen - Les Héros du sport - Éditions du stade - 1999
La Fabuleuse histoire des Jeux Olympiques - Robert Parienté - Guy Laforce - Éditions de la Martinière - 1992
L'Athlétisme - Gaston Meyer - Domaine du Sport - 1966
Dictionnaire : le Petit Robert
Encyclopédie des sports - Larousse - 1961 - sous la direction de Jean Dauven
Joies de l'athlétisme - Pierre Salviac et collectif - Hachette - 1978
Dopage aux Jeux Olympiques - La triche récompensée - Dr J.P Mondenard - Editions Amphora - 1996
Photos :
Olympia 1932 - Cigaretten Bilderdienst Hamburg-Bahrenfeld - 1932
Olympia
1936 - Band II - Cigaretten Bilderdienst
Hamburg-Bahrenfeld - 1936
XI Olympiade Berlin 1936 - Franz Miller P.v. Le Fort et
H. Harster - Derlag Knorr et Hirth Munich - 1936
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