FECHAIN - ATHLETIQUE - CLUB

ALICE MILLIAT

(1884-1957)

L'apôtre du sport féminin français

Alice Milliat

"En 1917 des réunions sportives féminines inter usines ont eu lieu en France et en Angleterre. C'est la même année Qu'Alice Milliat, apôtre du sport féminin en France, fonde la Fédération féminine sportive de France, qui regroupe 3 sociétés.

Alice Milliat, infatigable propagandiste, a demandé, dès 1919, au comité olympique international d'inclure quelques épreuves féminines au programme des Jeux d'Anvers. elle s'est heurtée à l'opposition irréductible de plusieurs dirigeants et notamment à celle du baron de Coubertin, violemment opposé au sport féminin. Alice Milliat décide alors de créer un Comité qui institue pour 1921 les premiers jeux mondiaux féminins qui ont  pour cadre Monté Carlo. faute de stade et de piste, les épreuves se déroulent sur le terrain du tir au pigeons avec des représentantes de 5 nations : Grande-Bretagne, Suisse, Italie, Norvège et France.

Ces premières compétitions officielles ne suffisent pas à Alice Milliat qui renouvelle l'expérience en 1922, toujours à Monte Carlo. 7 nations sont présentes avec près de 300 athlètes. C'est un triomphe pour la Grande-Bretagne qui remporte 12 des 15 épreuves figurant au programme.

 

Alice Milliat va plus loin encore : elle prend pour prétexte un nouveau refus de l'I.A.A.F. et du C.I.O. pour présenter les jeux féminins, dits olympiques, en août 1922 à Paris  5 formations y participent au stade Pershing en présence d'un très nombreux public.

L'élan est désormais donné. rien ne l'arrêtera :  en 1926, à Göteborg, ont lieu les seconds jeux Olympiques féminins, officieux puisque le C.I.O. ne les reconnaît pas. 10 nations y prennent part. On y enregistre des résultats de qualité qui démontrent l'étendue des progrès.

Cette fois l'I.A.A.F. est contrainte d'admettre que l'athlétisme féminin est devenu une réalité. elle désigne une commission spéciale chargée de coopérer avec la Fédération d'Alice Milliat, laquelle continue de contrôler l'athlétisme féminin par délégation de la Fédération internationale.

C'est un premier pas vers la reconnaissance olympique qui s'accomplit en 1928 à Amsterdam : 21 nations délèguent une équipe féminine. L'Angleterre, qui s'oppose à la mainmise de l'I.A.A.F. et du C.I.O., s'abstient.

Le programme  admis est très restreint : il ne comporte que 5 épreuves (100, 800, hauteur, disque et 4 x 100 m).

En dépit de cette admission, Alice Milliat ne s'estime pas satisfaite : elle considère que le programme est trop restrictif ; c'est la raison pour laquelle , en 1930 à Prague, elle met  sur pied des championnats du monde qui connaissent un  large succès."

extrait de La fabuleuse histoire de l'athlétisme - Robert Parienté - Editions  de la Martinière - 1996 -

 


Chronologie

1912

Création de "Fémina Sport"

1915

Alice Milliat devient Présidente de "Fémina Sport"

1917

Création de la FFSF (Fédération Française Sportive Féminine) en décembre 1917 par Payssé, Pellan, Mainguet, Weber et de Lafreté. Le docteur Raoul Baudet devient Président, Mme Surcouf est nommée Présidente et Alice Milliat trésorière.

1918

Alice Milliat devient secrétaire générale en juin 1918.

1919

Alice Milliat devient Présidente de la F.F.S.F le 10 mars 1919

Elle demande au Comité olympique d'inclure quelques épreuves athlétiques féminines aux jeux d'Anvers. Coubertin s'y oppose violemment.

1921

Alice Milliat est à l'origine de la création de la Fédération sportive féminine internationale (F.S.F.I), le 31 octobre 1921, à Paris qui devait régir l'athlétisme féminin mondial jusqu'en 1936. Elle devient Présidente et son domicile devient le siège social ( 3, rue de Varenne à Paris).

Premiers jeux mondiaux féminins à Monte-Carlo. Cinq nations y participent.

1922 : IIe Jeux mondiaux féminins à Monaco. Sept nations de 300 athlètes y participent.

Août 1922

Paris, stade Pershing : jeux (dits Olympiques) féminins, à l'initiative d'une Française, Alice Milliat.

L'équipe Américaine d'athlétisme en 1922 au stade Pershing

1926

Elle abandonne la Fédération féminine une première fois de 1926 à 1930. Elle y revient le 19 mai 1930.

1930

Championnats mondiaux féminins d'athlétisme à Prague à l'initiative d'Alice Milliat.

1935

Souffrante et violemment attaquée à l'occasion d'une loterie qu'elle innove pour permettre l'achat d'un terrain d'entraînement, Alice Milliat disparaît définitivement de la scène sportive, écoeurée par l'ingratitude dont a  été payé son dévouement........

 

Me Milliat pratiquait régulièrement l'aviron à "Fémina Sport"( Association créée en 1912). Elle remporte en septembre 1922, avec cinq autres rameuses le brevet d'Audax (50 km en moins de douze heures)

.Alice Milliat parlait correctement 3 langues, elle devait probablement avoir une forte personnalité.

LA FEMME SPORTIVE

N° 11 – 1er mars 1922

Article éditorial d’Alice Milliat

PROPAGANDE

Les discours et leurs reflets, les articles, sont de bonnes armes de propagande ; il paraît même que la race française est experte dans ce genre de … sport. Mais trop de discoureurs et d’écrivains pourraient prendre pour devise : « Faîtes ce que je dis, ne faîtes pas ce que je fais. » Il convient donc, à la parole et au mot, d’ajouter l’action.

C’est ce font nos sociétés féminines qui vont, chaque année, prêcher d’exemple dans les régions où l’éducation physique et sportive féminine est peu ou pas connue. Nous croyons qu’il n’y a pas d’exemple que nos sociétés aient jamais refusé leur concours aux organisateurs de province qui ont fait appel à elles, soit directement, soit par l’intermédiaire de la Fédération.

C’est que toutes comprennent qu’il ne faut pas garder pour elles seules les bienfaits des saines pratiques sportives, qu’il faut convertir aux exercices de plein air les gens les plus timorés, et que la grande famille qu’est notre Fédération doit s’accroître toujours davantage pour que son œuvre, d’intérêt national, soit impérissable.

Nous avons la bonne fortune de nous être vouées à un culte dont les pratiques voilent l’austérité relative du but à atteindre d’un intérêt immédiat pour les jeunes filles et jeunes femmes qui ont, les premières , bravé l’hydre des préjugés et conventions sociales. Tout d’abord les moins portées à l’analyse ressentent un bien être physique si évident et le ressentent si vivement qu’elles sont des apôtres convaincues de l’éducation physique par les méthodes rythmiques ou autres, par le sport individuel ou d’équipes. Et puis le nombre d’intellectuelles que comptent nos groupements est sans cesse grandissant ; celles-là nous sont des auxiliaires très précieuses, car elles savent opposer des arguments de valeur aux tardigrades qui voient dans le développement de l’éducation physique et sportive féminine un signe de dépravation des mœurs et de danger physique et social ! Ne riez pas. De tels phénomènes existent et nous en trouvons des spécimens dans les assemblées réputés les plus doctes et les plus savantes. Que de bêtises le désir de trancher tout au scalpel n’a t-il pas fait dire ! De quel droit de prétendues « lumières » de la science décrètent-elles, en même temps que nombre d’ignorants :  « Tels exercices conviennent à la femme, tels autres lui sont nuisibles ? » Qui peut le dire avec certitude à l’heure actuelle ?

Rangeons-nous donc à l’avis de nos doctoresses qui, joignant la pratique au savoir, déclarent que seules les études faites sur plusieurs générations permettront de déterminer, avec quelques chances d'éviter les erreurs, quels sont les sports qu’une femme peut pratiquer sans danger et utilement. Et bornons nous à constater que les adeptes du sport, individuel ou d’équipes, se sont splendidement développées au point de vue physique et ont déjà fourni nombre de mères de beaux enfants.

Laissons-les donc à la joie personnelle de sentir leurs poumons se fortifier et se dilater, leur sang mieux circuler dans leurs veines. Leur cerveau plus propre à un travail intellectuel et leur jugement mieux équilibré.

Et surtout encourageons-les dans leurs efforts pour amener sur les terrains où elles s’ébattent les personnes qui jettent l’anathème sur le sport féminin sans s’être jamais donné la peine d’en venir voir les démonstrations. Aidons-les à faire de la propagande utile en allant en province faire la guerre aux préjugés. Elles ont à leur actif nombre de victoires puisque, depuis quelques mois, la région parisienne ne compte plus qu’un tiers de notre effectif total. Parfois la semence est longue à lever, mais partout où nos sportives sont passées il s’est trouvé des dévoués pour la faire germer et ils recueillent, un jour ou l’autre, la récompense de leurs patients efforts.

Notre propagande ne s’est pas bornée au terrain national ; depuis deux ans nous avons étendu notre action sur l’étranger et nous pouvons , avec fierté, dire aujourd’hui que nos relations sont effectives avec tous les continents. Nos voyages hors de France ne constituent pas seulement d’agréables déplacements pour nos sportives , ce sont aussi des manifestations de propagande nationale ainsi qu’ont si bien su le remarquer les chefs des municipalités anglaises nous ayant fait l’honneur de réceptions solennelles.

Certes, pour ces déplacements en France et hors frontières, il y a beaucoup de postulantes et peu d’élues, mais les sacrifiées d’un jour doivent avoir la conviction que leur tour viendra, qu’elles auront plus tard l’honneur de représenter l’élite de l’éducation physique et sportive féminine française. A leurs familles, qui ont en nous toute confiance et qui jamais n’ont refusé de nous confier leurs enfants pour quelques jours, nous devons aussi nos remerciements, mais nous ajoutons que leur tâche ne se borne pas là et qu’elles doivent faire autour d’elles de la bonne besogne en amenant leurs amies à nos réunions, en les incitant à suivre leur exemple.

Et nous souhaitons que les groupements étrangers, qui nous ont fait l’honneur d’accepter nos invitations cette année, ne sauront faire, de retour dans leur pays, que l’éloge de la France et des Françaises dont la réputation d’harmonieux développement physique et d’heureux équilibre moral viendra heureusement détruire la légende de légèreté et d’élégante mièvrerie.

Madame A. Milliat

Présidente de la F. S. F. S. F.

Aticle d'Alice Milliat  paru dans le "Miroir des sports" du jeudi 16 décembre 1920-N°24 page 370 :

Les Sports Féminins pendant la saison d'hiver

 

Pour en savoir plus, je vous recommande l'excellent livre d'André Devron

Alice Milliat
La pasionaria du sport féminin

Mot de l'éditeur
L’histoire du sport féminin est retracée à travers celle d’une de ses principales figures et initiatrices : Alice Milliat. Au fil des événements sportifs de l’athlétisme et des sports collectifs féminins, entre 1917 et 1938, l’auteur raconte comment furent créées les deux fédérations (nationale et internationale) qui réuniront jusqu’à 32 fédérations nationales, organiseront des jeux féminins et obtiendront leur participation aux Jeux olympiques « officiels » à partir de 1928 (Jeux d’Amsterdam). L’accueil que les femmes réservèrent à ce mouvement fut une telle réussite qu’en 1933 on estimait à plus de 50 000 le nombre d’adhérentes de la fédération française de sport féminin (la FFSF). Un ordre de grandeur : la FF de Football revendiquait 300 000 licenciés en 1939. Par contre, après-guerre en 1946, les sportives licenciées ne seront plus que 6 000 car, entre-temps, les deux fédérations avaient été attaquées au point de disparaître. André Drevon raconte cette bataille acharnée des opposants au sport féminin. Notamment celle de Coubertin et de son successeur Baillet-Latour, dirigeants du Comité Olympique (le CIO) ; celle de la fédération internationale d’athlétisme (ou IAAF) et de son président, le Suédois Siegfried Edström ; celle du président de la FF d’Athlétisme et de son homologue allemand, zélateur et proche d’Hitler... Tous viendront à bout de l’aventure des fédérations internationales féminines, une œuvre portée par Alice Milliat mais plongée dans l’oubli.

Editions Vuibert - Mai 2005 - 23€


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