MIMOUN Alain
né le 01/01/1921à Le-Telagh (Algérie)
décédé le 27 juin 2013 à Saint Mandé dans le Val-de-Marne
85 sélections en équipe de France
En 1966, à 45 ans, Alain Mimoun décide d'arrêter sa carrière internationale.
Spécialités : Cross - 1/2 fond - fond - marathon - 5000 - 10000 - 3 miles - 6 miles
Son Palmarès
Champion de France
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Champion de France de cross :
Championnats d'Europe :
Jeux Olympiques :
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Ses records de France en 1956 :
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60 titres de champion d'Ile-de-France.
JO - 1956 - Melbourne
Alain Mimoun remporte le marathon Olympique en 2h25min00s
Pendant les escales, pendant que ses compatriotes jouent aux cartes, Mimoun s'entraîne sur un stade jouxtant l'aéroport de Los Angeles, sur un golf à Honolulu. A Melbourne, la chaleur est étouffante, Mimoun décide alors de s'entraîner la nuit en cachette pour que ses futurs adversaires n'évaluent pas l'excellence de sa condition physique. Le 1er décembre 1956, c'est le marathon, c'est la victoire pour Alain Mimoun, une victoire qui est devenu célèbre parce qu'Alain Mimoun a su par la suite la magnifier dans son langage à lui.(fichier wav de 431 ko, en 1956 Alain Mimoun parle de son marathon pendant 2min56s)
Dossard 13, Mimoun pénètre en tête sur le Sidney Cricket Ground de Melbourne pour remporter le marathon olympique. Malgré la chaleur torride (36°), Alain Mimoun avait démarré au 20 ème kilomètre mais il avait connu une sévère défaillance au kilomètre 30. La naissance de sa fille la veille lui avait donné sans doute l'envie de se surpasser, sa préparation rigoureuse avait fait le reste.
Bel hommage rendu par Paul Cogan - "Les chevaliers du ciel" - 1964 Editions Gauthier-Languereau
Lorsque trois jours avant l'épreuve Alain Mimoun annonça qu'il participerait au marathon de Melbourne, sa décision n'étonna que ceux qui le connaissait mal. On savait que depuis des années Mimoun était attiré par les longues distances. On avait remarqué que Mimoun, qui par deux fois avait remporté la seconde place dans le 10 000 Olympique, avait cette fois renoncé à figurer dans l'étouffant duel que se livraient le Russe Kuts et l'Anglais Pirie. Or un athlète comme Mimoun ne se ménage pas sans raison. Cette raison, on la connaissait maintenant.
Pourtant, les meilleurs camarades de Mimoun hochaient la tête. Choisir le marathon olympique pour débuter dans cette spécialité, n'était-ce pas présomptueux ? Mimoun ne surestimait-il pas ses possibilités ? L'intéressé semblait plein de confiance.
"J'ai reconnu le parcours avec Mihalic, confiait-il à ses amis. Nous avons fait vingt kilomètres. Ca à bien marché, et pourtant Mihalic est fort, très fort."
Zatopek, averti que son vieil adversaire participerait au marathon, vint le voir. Tous deux bavardèrent longuement. "Fais attention, disait Zatopek, les vingt premiers kilomètres sont faciles ; mais au trentième ou trente-cinquième, cela devient terrible." Zatopek qui, dans le 10 000, avait dû baisser pavillon devant le phénomène soviétique Kuts, espérait bien conserver le titre qu'il avait remporté à Helsinki. "Je n'ai pas peur de Mihalic, disait-il ; mais les Russes m'inquiètent.... Les Russes et toi !" Aucune phrase ne pouvait faire plus plaisir à Mimoun. Dans toutes les courses olympiques qu'il avait disputées, il avait vu le grand Tchèque le précéder sur la ligne d'arrivée.
Et maintenant la grande aventure est commencée... Au dixième kilomètre Zatopek a attaqué, suivi aussitôt des deux Russes Filine et Ivanov, de l'Américain Kelley et de Mimoun. Ce n'a été qu'une brève alerte. Voyant qu'il ne parvenait pas à distancer ses gardiens, le Tchèque s'est laissé rejoindre, et de nouveau le peloton est reformé. Pas pour longtemps. Filine attaque, puis Ivanov, puis l'ANGLAIS Clark. Aucun ne parvient à s'échapper ; mais ces escarmouches font une victime de marque : Zatopek, qui connaît une brève défaillance et décolle du groupe de tête.
23 kilomètres ...
L'Anglais Clark est en tête. Derrière lui Mimoun, qui sent que ses jambes tiennent et qui depuis le début a répliqué à toutes les attaques. Le regard rivé aux épaules de Clark, attentif à ménager ses forces, il court de la foulée sèche et précise qui lui a donné tant de victoires. Il entend dans son dos les souffles d'Ivanov, de Filine, de Karvonen, de Mihalic, de Kelley. L'allure est très rapide. 23 kilomètres en cinq quarts d'heure ! Les sept hommes qui tous peuvent prétendre à la victoire s'observent...
25 kilomètres...
Une côte se présente. "Surtout, n'attaque jamais en côte", ont dit à Mimoun les vieux marathoniens. Mais Mimoun, qui a soigneusement étudié le trajet, connaît cette côte, elle ne l'effraie pas. Légèrement penché en avant, il l'aborde sans ralentir son allure et, sans qu'il ait eu besoin d'attaquer, les autres lâchent pied. Quand il arrive au sommet, il est seul. Le Finlandais Karvonen, qui a résisté le plus opiniâtrement, est déjà à une trentaine de mètres.
30 kilomètres...
Depuis 5 kilomètres Mimoun est seul. Des deux côtés de la route les spectateurs se pressent et son passage soulève une traînée ininterrompue d'acclamations. Mimoun s'en passerait volontiers. Ces cris l'étourdissent. Ces admirateurs trop zélés, qui lui laissent tout juste le passage, lui donnent l'impression d'étouffer. Il arrache le mouchoir trempé de sueur qu'il s'était fixé sur la tête pour se protéger du soleil ; il serre les dents et soudain sent un malaise trop bien connu l'envahir. La défaillance... Les jambes qui se raidissent et font mal, la gorge qui se serre, les poumons qui semblent incapables de respirer, le sang qui cogne à grands coups dans le crâne et cette envie terrible, presque irrésistible de s'arrêter, de se laisser tomber sur le bord de la route et de mettre fin à la souffrance...
Mais Mimoun ne s'arrêtera pas. Il ne laissera pas échapper la victoire qu'il sent à sa portée, il n'abandonnera pas la médaille d'or que par trois fois Zatopek lui a ravie... C'est sa dernière course olympique. Il le sait et veut qu'elle soit la plus belle.
38 kilomètres...
La défaillance a passé. L'énergie de Mimoun a eu raison de la fatigue et les nouvelles qu'on lui crie de toutes parts fouettent son courage. ses adversaires sont loin. Mihalic et Karvonen ont plus d'une minute de retard et Zatopek est à deux minutes et demie !
Mimoun sent ses forces renaître comme par miracle. Sa foulée est aussi aisée que 20 kilomètres plus tôt. Il regarde attentivement la route, évite soigneusement les trous, écarte d'un geste bref les officiels qui l'approchent de trop près... 41 kilomètres, 42 kilomètres... Le stade ! Sûr de lui, Mimoun franchit la porte, reçoit sans qu'un muscle de son visage ne bouge la rafale d'acclamations qui salue son apparition et, accélérant encore, s'élance pour le tour de piste final. Le stade entier, dressé, voit le maillot bleu couper le fil.
A trente-six ans, Alain Mimoun a remporté sa première victoire olympique.
En 1960, Mimoun franchira la ligne d'arrivée mêlé à tout un groupe de coureurs. Personne ne s'occupera de lui. Mimoun ne s'en étonnera pas. A quarante ans, il s'était engagé dans le marathon sans se faire aucune illusion sur ses chances, simplement parce qu'il estimait devoir défendre son titre. Bravo Alain !
Alain Mimoun aux Jeux Olympiques de Melbourne en 1956
Le Finlandais Kotila est en tête devant l'Allemand Hartung, on aperçoit l'Italien Lavelli (n°20) et Alain Mimoun (n°13)
Chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Commandeur de l’Ordre du Mérite sportif.
Gloire du sport.
Chevalier de la Légion d'honneur(1956) par René Coty, après son exploit à Melbourne (lauréat la même année du Prix Henri Deutsch de la Meurthe de l'Académie des sports, récompensant un fait sportif pouvant entraîner un progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité).
Officier de la Légion d'honneur(1972) par Georges Pompidou (à titre militaire, dans la cour des Invalides)
Commandeur de la Légion d'honneur(1999) par Jacques Chirac.
Grand officier de la Légion d'honneur(2008) par Nicolas Sarkozy[15].
Champion des champions de L'Équipe en 1949 et 1956
1999 les lecteurs de la revue Athlétisme l'ont élu « athlète français du siècle » devant Marie-José Pérec, Guy Drut ou encore Michel Jazy.
Décembre 2012 : pour la soirée des Champions du journal l'Équipe, il a reçu le trophée de Champion des Champions de Légende.
À ce jour, une centaine de rues, de stades et d'écoles portent son nom.