A Jean Bouin
O Précurseur, tombé comme un
soldat obscur
A ton rang et parmi l'horreur de la tranchée,
Au-dessus de nos Jeux ta mémoire est penchée
Dans le Stade d'or et d'azur.
Tes camarades de combats mirent
ton corps
Dans les bras maternels du sol, de la patrie
Sans se douter, Jean Bouin, que de ta chair meurtrie
Rayonnait la gloire des Sports.
Nous te verrons toujours tel que
tu fus vivant
Lorsque tes pieds légers et ta profonde haleine
T'emportaient sur la piste et vers le fil de laine,
Aussi rapide que le vent.
Nous t'invoquons aux bords
tremblants du golfe bleu
Où le soleil natal t'a nourri d'allégresse,
Où nous avons dressé, comme jadis, en Grèce,
Ta nudité de demi-dieu.
Car nous t'avons voulu debout
sous la clarté,
Coureur éblouissant, image de la race,
Pour que nos jeunes gens s'élancent sur ta trace
Et ressuscitent ta beauté.
Veille sur nous, Jean Bouin, et
nous triompherons,
L'exemple des héros par toi se perpétue,
Un jour nous poserons au bas de ta statue
L'olivier qui ceindra nos fronts.
Stade Municipal de Marseille,
Paul Souchon
« Les chants du stade » 1923
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