100METRES

à l' Ang1ais Abrahams, vainqueur (10 secondes 3/5)

 

Un petit drapeau blanc flotte comme un mouchoir

Un homme d'équipe promène un rouleau, au loin, un paysan

dans les champs du monde, travaille avec acharnement.

Une toiture verte comme le buis, des drapeaux, des fumées

vains feuillages, font leur offrande.

Le Haut-Parleur dit aux vents, les noms, bouquet du sport

Les six coureurs creusent les trous du départ, plus minutieux

que les enfants des plages

Quelques danses entre les cordes, l'Enfance, qui dans les

missives voyait de blancs oiseaux s'envolant au long des

fils télégraphiques, est encore là, rêveuse.

Le starter en robe blanche, anglais des jardins, s'avance

et soudain naît

Le Si lence

Les coureurs se penchent, fleurs crispées

le décor meurt

Les spectateurs regardent comme jamais de

tous leurs yeux ces plumes de paon

les cloisons sont envolées dans un grand bruit d'accordéon

Le silence règne, recordman livide !

puis des mots brumeux... le soir…

Un coup de feu! Mot violent !

Et soudain

Cous tendus comme des tiges

figures, pommes blêmes happées

dents, mentons en croissant et fuyant dans

l'espace

comme les animaux mythologiques aux pelages pâles, aux

griffes d'acier

tous se lèvent inquiets, inhumains, transfigurés,

Comme la pluie crépitante aux trottoirs des cités douze pieds

battent la piste

les jambes tricotent éperdument les mailles d'un filet d'air

Une vague aux six crêtes blanches s'avance

L'Oiseau anglais Abrahams. l'horizon aux dents. pointe de

l’angle obtus

rase le fleuve rose, éventre l'air.

Foulées énormes, jeu des reins, des épaules, proue mouvante

devant les désespérées locomotives américaines

Et soudain

les bras ramenés en arrière, ailes violentes,

Il rompt le fil d'arrivée qui flotte en voile de mariée.

Seholz se lance, grande fleur, puis Porrit gainé de noir

comme l'arbre d'automne

et la lutte s'écroule dans la mer hurlante des bravos, immense

clameur, un train qui passe...

Le feuillage au ciel balance ses pinceaux sur une toile bleue

chante et peint les Athlètes.

 

GEO CHARLES

VIIIe Olympiade (L'Equerre)

 

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